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Jean Lorrain : PELLÉASTRES

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« LE Poison de Venise. Nul plus profondément que M. Maurice Barrès n’en a senti et rendu le charme délétère et le trouble puissant. « Une fièvre est dans Venise », a-t-il écrit, dans Amori et Dolori sacrum, et, de ses heures fiévreuses, de l’agonie de la ville dans l’agonie des crépuscules de l’Adriatique, il a tiré le plus beau livre qui ait peut-être été publié sur la Cité des Doges, depuis lord Byron.

     « Le poison de Venise, c’est la féerie d’une architecture de songe dans la douceur d’une atmosphère de soie ; ce sont les trésors des siècles, amassés là par une race de marchands et de pirates, la magnificence de l’Orient et de l’ancienne Byzance miraculeusement alliée à la grâce de l’art italien, les mosaïques de Saint-Marc et le revêtement rosé du palais ducal ; le poison de Venise, c’est la solitude de tant de palais déserts, le rêve des lagunes, le rythme nostalgique des gondoles, le grandiose de tant de ruines ; dans des colorations de perles — perles roses à l’aurore et noires au crépuscule —, le charme de tristesse et de splendeur de tant de gloires irrémédiablement disparues ; et dans le plus lyrique décor dont se soit jamais enivré le monde, la morbide langueur d’une pourriture sublime. »

[…]

     « C’est dans cette ville empoisonnée que je devais connaître le baron Jacques d’Adelsward. En octobre 1901, j’habitais à l’hôtel Saint-Marc, un hôtel à peine indiqué dans les guides et bien connu des Italiens et des Autrichiens, un appartement situé dans les Procuraties. […] De l’immense fenêtre de ma chambre, je découvrais les mosaïques des sept portails de Saint-Marc et les nuées, en perpétuel mouvement, de ses pigeons. »

[…]

     « J’étais là depuis quinze jours, quand je reçus, écrit sur un papier de luxe, timbré d’armoiries, un billet à peu près ainsi conçu :

« Monsieur,

« Excuserez-vous le vif désir que j’ai de connaître Jean Lorrain, même à Venise ? Tout le mal qu’on a dit de vous m’incite à vérifier une fois de plus la sottise des légendes et la pauvreté d’invention des diffamateurs. Ma grande jeunesse excusera-t-elle auprès de vous la hardiesse de ma démarche ? J’attends de vous, monsieur, un mot qui m’autorise à me présenter hôtel Saint-Marc. Les deux livres qui accompagnent cette lettre vous prouvent que je ne suis pas un obscur admirateur…

« Et la lettre était signée :

« JACQUES D’ADELSWARD-FERSEN
« Hôtel Danielli. »


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Cette entrée a été publiée le 31 octobre 2018 par , et est taguée .

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